6.10.08

Appel à témoins de Patrick Mohr

Procès le 13 octobre à 8h30 à Avignon.

Je relaie un peu tard mais je n'avais pas eu l'info avant :


photo : Odyssée Médiathèque - Médiathèque municipale d'Eybens

Je m'appelle Patrick Mohr. Je suis né le 18 septembre 1962 à Genève. Je suis acteur, metteur en scène et auteur.
A Genève je dirige une compagnie, le Théâtre Spirale, je co-dirige le Théâtre de la Parfumerie et m'occupe également du festival «De Bouche à Oreille».
Dans le cadre de mes activités artistiques, je viens régulièrement au festival d'Avignon pour y découvrir des spectacles du «in» et du «off». Notre compagnie s'y est d'ailleurs produite à trois reprises. Cette année, je suis arrivé dans la région depuis le 10 juillet et j'ai assisté à de nombreux spectacles.

Le Lundi 21 juillet, je sors avec mon amie, ma fille et trois de ses camarades d'une représentation d'une pièce très dure sur la guerre en ex-Yougoslavie et nous prenons le frais à l'ombre du Palais des Papes, en assistant avec plaisir à un spectacle donné par un couple d'acrobates. A la fin de leur numéro, je m'avance pour mettre une pièce dans leurchapeau lorsque j'entends le son d'un Djembé (tambour africain) derrière moi. Etant passionné par la culture africaine, (J'y ai monté plusieurs spectacles et ai eu l'occasion d'y faire des tournées) je m'apprête à écouter les musiciens. Le percussionniste est rejoint par un joueur deKamele Ngoni. (Sorte de contrebasse surtout utilisée par les chasseurs en Afrique de l'Ouest.)

A peine commencent-ils à jouer qu'un groupe de C.R.S se dirige vers eux pour les interrompre et contrôler leur identité. Contrarié, je me décide à intervenir. Ayant déjà subit des violences policières dans le même type de circonstances il y a une vingtaine d'année à Paris, je me suis adressé à eux avec calme et politesse. Le souvenir de ma précédente mésaventure bien en tête. Mais je me suis dit que j'étais plus âgé, que l'on se trouvait dans un haut lieu culturel et touristique, dans une démocratie et que j'avais le droit de m'exprimer face à ce qui me semblait une injustice. J'aborde donc un des C.R.S et lui demande : « Pourquoi contrôler vous ces artistes en particulier et pas tous ceux qui se trouvent sur la place? » Réponse immédiate. « Ta gueule, mêle-toi de ce qui te regardes! « Justement ça me regarde. Je trouve votre attitude discriminatoire. » Regard incrédule. « Tes papiers ! » « Je ne les ai pas sur moi, mais on peut aller les chercher dans la voiture. »


« Mets-lui les menottes ! »


« Mais vous n'avez pas le droit de.. » Ces mots semblent avoir mis le feu aux poudres.


« Tu vas voir si on n'a pas le droit.»

Et brusquement la scène a dérapé. Ils se sont jetés sur moi avec une sauvagerie inouïe. Mon amie, ma fille, ses camarades et les curieux qui assistaient à la scène ont reculé choqués alors qu'ils me projetaient au sol, me plaquaient la tête contre les pavés, me tiraient de toutes leurs forces les bras en arrière comme un poulet désarticulé et m'enfilaient des menottes. Les bras dans le dos, ils m'ont relevé et m'ont jeté en avant en me retenant par la chaîne. La menotte gauche m'a tordu le poignet et a pénétré profondément mes chairs. J'ai hurlé :


« Vous n'avez pas le droit, arrêtez, vous me cassez le bras ! »


« Tu vas voir ce que tu vas voir espèce de tapette. Sur le dos ! Sur le ventre ! Sur le dos je te dis, plus vite, arrête de gémir ! »

Et ils me frottent la tête contre les pavés me tordent et me frappent, me traînent, me re-plaquent à terre. La foule horrifiée s'écarte sur notre passage. Mon amie essaie de me venir en aide et se fait violemment repousser. Des gens s'indignent,sifflent, mais personne n'ose interrompre cette interpellation d'une violence inouïe. Je suis traîné au sol et malmené jusqu'à leur fourgonnette qui se trouve à la place de l'horloge 500 m plus bas. Là, ils me jettent dans le véhicule, je tente de m'asseoir et le plus grand de mes agresseurs (je ne peux pas les appeler autrement), me donne un coup pour me faire tomber entre les sièges, face contre terre, il me plaque un pied sur les côtes et l'autre sur la cheville il appuie de tout son poids contre une barre de fer. « S'il vous plait, n'appuyez pas comme ça, vous me coupez la circulation. »


« C'est pour ma sécurité ». Et toute leur compagnie de rire de ce bon mot. Jusqu'au commissariat de St Roch.

Le trajet est court mais il me semble interminable. Tout mon corps est meurtri, j'ai l'impression d'avoir le poignet brisé, les épaules démises, je mange la poussière. On m'extrait du fourgon toujours avec autant de délicatesse. Je vous passe les détails de l'interrogatoire que j'ai subi dans un état lamentable. Je me souviens seulement du maquillage bleu sur les paupières de la femme qui posait les questions.


« Vous êtes de quelle nationalité ? » « Suisse. »


« Vous êtes un sacré fouteur de merde »


« Vous n'avez pas le droit de m'insulter »


« C'est pas une insulte, la merde » (Petit rire.)


C'est fou comme la mémoire fonctionne bien quand on subit de pareilles agressions. Toutes les paroles, tout les détails de cette arrestation et de ma garde à vue resterons gravés à vie dans mes souvenirs, comme la douleur des coups subits dans ma chair. Je remarque que l'on me vouvoie depuis que je ne suis plus entre les griffes des CRS.


Mais la violence physique a seulement fait place au mépris et à une forme d'inhumanité plus sournoise. Je demande que l'on m'ôte les menottes qui m'ont douloureusement entaillé les poignets et que l'on appelle un docteur. On me dit de cesser de pleurnicher et que j'aurais mieux fait de réfléchir avant de faire un scandale. Je tente de protester, on me coupe immédiatement la parole. Je comprends qu'ici on ne peut pas s'exprimer librement. Ils font volontairement traîner avant de m'enlever les menottes. Font semblant de ne pas trouver les clés. Je ne sens plus ma main droite.


Fouille intégrale. On me retire ce que j'ai, bref inventaire, le tout est mis dans une petite boîte.


« Enlevez vos vêtements ! » J'ai tellement mal que je n'y arrive presque pas.


« Dépêchez-vous, on n'a pas que ça à faire. La boucle d'oreille !


»J'essaye de l'ôter sans y parvenir.


« Je ne l'ai pas enlevée depuis des années. Elle n'a plus de fermoir. »


« Ma patience à des limites vous vous débrouillez pour l'enlever, c'est tout ! »


Je force en tirant sur le lob de l'oreille, la boucle lâche.


« Baissez la culotte ! »


Je m'exécute. Après la fouille ils m'amènent dans une petite cellule de garde à vue. 4m de long par 2m de large. Une petite couchette beige vissée au mur. Les parois sont taguées, grattées par les inscriptions griffonnées à la hâte par les détenus de passage. Au briquet ou gravé avec les ongles dans le crépis. Momo de Monclar, Ibrahim, Rachid, .. chacun laisse sa marque


L'attente commence. Pas d'eau, pas de nourriture. Je réclame en vain de la glace pour faire désenfler mon bras. Les murs et le sol sont souillés de tâches de sang, d'urine et d'excréments. Un méchant néon est allumé en permanence. Le temps s'étire. Rien ici qui permette de distinguer le jour de la nuit. La douleur lancinante m'empêche de dormir. J'ai l'impression d'avoir le c¦ur qui pulse dans ma main. D'ailleurs alors que j'écris ces lignes une semaine plus tard, je ne parviens toujours pas à dormir normalement.


J'écris tout cela en détails, non pas pour me lamenter sur mon sort.


Je suis malheureusement bien conscient que ce qui m'est arrivé est tristement banal, que plusieurs fois par jours et par nuits dans chaque ville de France des dizaines de personnes subissent des traitements bien pires que ce que j'ai enduré. Je sais aussi que si j'étais noir ou arabe je me serais fait cogner avec encore moins de retenue. C'est pour cela que j'écris et porte plainte. Car j'estime que dans la police française et dans les CRS en particulier il existe de dangereux individus qui sous le couvert de l'uniforme laissent libre cour à leurs plus bas instincts. (Evidement il y a aussi des arrestations justifiées, et la police ne fait pas que des interventions abusives. Mais je parle des dérapages qui me semblent beaucoup trop fréquents.)


Que ces dangers publics sévissent en toute impunité au sein d'un service public qui serait censé protéger les citoyens est inadmissible dans un état de droit.


J'ai un casier judiciaire vierge et suis quelqu'un de profondément non violent, par conviction, ce type de mésaventure me renforce encore dans mes convictions, mais si je ne disposais pas des outils pour analyser la situation je pourrais aisément basculer dans la violence et l'envie de vengeance. Je suis persuadé que ce type d'action de la police nationale visant à instaurer la peur ne fait qu'augmenter l'insécurité en France et stimuler la suspicion et la haine d'une partie de la population (Des jeunes en particulier.) face à la Police. En polarisant ainsi la population on crée une tension perpétuelle extrêmement perverse.Comme je suis un homme de culture et de communication je réponds à cette violence avec mes armes. L'écriture et la parole.


Durant les 16h qu'a duré ma détention, (avec les nouvelles lois, on aurait même pu me garder 48h en garde à vue) Je n'ai vu dans les cellules que des gens d'origine africaine et des gitans. Nous étions tous traité avec un mépris hallucinant. Un exemple, mon voisin de cellule avait besoin d'aller aux toilettes. Il appelait sans relâche depuis près d'une demi heure, personne ne venait. Il s'est mis à taper contre la porte pour se faireentendre, personne. Il cognait de plus en plus fort, finalement un gardien exaspéré surgit.


"Qu'est ce qu'il y a ? » « J'ai besoin d'alleraux chiottes. »


« Y a une coupure d'eau. » Mais j'ai besoin. »


« Y a pas d'eau dans tout le commissariat, alors tu te la coince pigé. »


Mon voisin qui n'est pas seul dans sa cellule continue de se plaindre, disant qu'il est malade, qu'il va faire ses besoins dans la cellule.


« Si tu fais ça on te fait essuyer avec ton t-shirt. » Les coups redoublent. Une voix féminine lance d'un air moqueur,


« Vas-y avec la tête pendant que tu y es. Ca nous en fera un de moins. » Eclats de rire dans le couloir comme si elle avait fait une bonne plaisanterie.


Après une nuit blanche vers 9h du matin on vient me chercher pour prendre mon empreinte et faire ma photo. Face, profil, avec un petit écriteau, comme dans les films. La dame qui s'occupe de cela est la première personne qui me parle avec humanité et un peu de compassion depuis le début de ce cauchemar.


« Eh bien, ils vous ont pas raté.C'est les CRS, ha bien sur. Faut dire qu'on a aussi des sacrés cas sociaux chez nous. Mais ils sont pas tous comme ça.» J'aimerais la croire.


Un officier vient me chercher pour que je dépose ma version des faits et me faire connaître celle de ceux qui m'ont interpellé. J'apprends que je suis poursuivi pour : outrage, incitation à l'émeute et violence envers des dépositaires de l'autorité publique. C'est vraiment le comble. Je les aurais soi disant agressés verbalement et physiquement. Comment ces fonctionnaires assermentés peuvent ils mentir aussi éhontement ? Je raconte ma version des faits à l'officier. Je sens que sans vouloir l'admettre devant moi, il se rend compte qu'ils ont commis une gaffe.


Ma déposition est transmise au procureur et vers midi je suis finalement libéré. J'erre dans la ville comme un boxeur sonné. Je marche péniblement. Un mistral à décorner les b¦ufs souffle sur la ville. Je trouve un avocat qui me dit d'aller tout de suite à l'hôpital faire un constat médical. Je marche longuement pour parvenir aux urgences ou je patiente plus de 4 heures pour recevoir des soins hâtifs. Dans la salle d'attente, je lis un journal qui m'apprend que le gouvernement veut supprimer 200 hôpitaux dans le pays, on parle de couper 6000 emplois dans l'éducation. Sur la façade du commissariat de St Roch j'ai pu lire qu'il allait être rénové pour 19 millions d'Euros. Les budgets de la sécurité sont à la hausse, on diminue la santé, le social et l'éducation. Pas de commentaires.


Je n'écris pas ces lignes pour me faire mousser, mais pour clamer mon indignation face à un système qui tolère ce type de violence. Sans doute suis-je naïf de m'indigner. La plupart des Français auxquels j'ai raconté cette histoire ne semblaient pas du tout surpris, et avaient connaissance de nombreuses anecdotes du genre. Cela me semble d'autant plus choquant.


Ma naïveté, je la revendique, comme je revendique le droit de m'indigner face à l'injustice. Même si cela peut paraître de petites injustices. C'est la somme de nos petits silences et de nos petites lâchetés qui peut conduire à une démission collective et en dernier recours aux pires systèmes totalitaires. (Nous n'en sommes bien évidement heureusement pas encore là.) Depuis ma sortie, nous sommes retournés sur la place de papes et nous avons réussi à trouver une douzaine de témoins qui ont accepté d'écrire leur version des faits qui corroborent tous ce que j'ai dis. Ils certifient tous que je n'ai proféré aucunes insultes ni n'ai commis aucune violence. Les témoignages soulignent l'incroyable brutalité de l'intervention des CRS et la totale disproportion de leur réaction face à mon intervention.


J'ai essayé de retrouver des images des faits, mais malheureusement les caméras qui surveillent la place sont gérées par la police et, comme par hasard elles sont en panne depuis début juillet. Il y avait des centaines de personnes sur la place qui auraient pu témoigner, mais le temps de sortir de garde à vue, de me faire soigner et de récupérer suffisamment d'énergie pour pouvoir tenter de les retrouver.

Je n'ai pu en rassembler qu'une douzaine. J'espère toujours que peut être quelqu'un ai photographié ou même filmé la scène et que je parvienne à récupérer ces images qui prouveraient de manière définitive ce qui c'est passé.


Après 5 jours soudain, un monsieur africain m'a abordé, c'était l'un des musiciens qui avait été interpellé. Il était tout content de me retrouver car il me cherchait depuis plusieurs jours. Il se sentait mal de n'avoir rien pu faire et de ne pas avoir pu me remercier d'être intervenu en leur faveur. Il était profondément touché et surpris par mon intervention et m'a dit qu'il habitait Grenoble, qu'il avait 3 enfants et qu'il était français. Qu'il viendrait témoigner pour moi.Qu'il s'appelait Moussa Sanou.« Sanou , c'est un nom de l'ethnie Bobo. Vous êtes de Bobo- Dioulasso ? » « Oui. » Nous nous sommes sourit et je l'ai salué dans sa langue en Dioula.


Il se trouve que je vais justement créer un spectacle prochainement à Bobo-Dioulasso au Burkina-faso. La pièce qui est une adaptation de nouvelles de l'auteur Mozambicain Mia Couto s'appellera « Chaque homme est une race » et un des artistes avec lequel je vais collaborer se nomme justement Sanou. Coïncidence ? Je ne crois pas.


Je suis content d'avoir défendu un ami, même si je ne le connaissais pas encore.


La pièce commence par ce dialogue prémonitoire. Quand on lui demanda de quelle race il était, il répondit : « Ma race c'est moi. » Invité à s'expliquer il ajouta

« Ma race c'est celui que je suis. Toute personne est à elle seule une humanité.

Chaque homme est une race, monsieur le policier. »

Patrick Mohr, 28 juillet 2008


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5.5.08

Quelle joie le rock'n'roll !!!

Allez hop je prends le temps de faire un petit retour rapide sur ces derniers jours, de peur de regretter de ne pas l'avoir fait ensuite...

Tout commence donc le...

22 avril à Montpellier :
Ou plus exactement à la Secret Place de Tout A Fond à Saint Jean de Védas, pour un petit événement en soi : PORD assure la (pré)première partie des Spinning Heads et KNUT !!! Un peu un rêve devenu réalité grâce aux Spinning Père Noëls... Bon, PORD ne joue que 20mn mais vingt minutes comme ça ça vaut de l'or ! Des PORD égaux à eux-mêmes et à la hauteur de leurs ainés.
Côté Spinning Heads le set était 10 fois plus puissant que celui auquel j'avais assisté au Mojomatic, c'est bon je les ai définitivement fait rentrer dans mon top-live !
Quant à Knut ben... Knut quoi ! Un son énorme et une grosse méchante baffe en pleine face !!!

Photos :


23 avril à Paris :
A peine remis de la claque de la veille, direction la gare SNCF pour rallier Paris afin d'assister à la dernière des trois représentations du Maxi Monster Music Show, le side-project du Maximum Kouette, dans la mythique salle du Zèbre de Belleville. Pour ceux que ça surprendrait de me voir trainer ailleurs que dans des concerts de bourrins, sachez que c'est une vieille histoire pour moi que le Maximum Kouette, même si j'ai un peu (beaucoup) décroché depuis un bon moment.
Quoiqu'il en soit ce show dans l'esprit cabaret, réarrangeant quelques chansons du répertoire des Kouette et reprenant les personnages classiques des cirques de monstres fut plus que réjouissant, même si j'ai tout de même regretté que la mise en scène et les effets ne soient pas un peu plus poussés.
Ce fut surtout un grand plaisir de retrouver de vieilles connaissances (plus de 15 ans ptin ça nous rajeunit pas...) et de finir en after au pinard dans une célèbre salle parisienne désertée...

Photos :


24 avril à Paris :
Un petit coup d'oeil sur LYLO au petit déj et qu'est-ce que je vois ? Ben & Béné qui jouent le soir même au Berry Zèbre (juste en face du Zèbre de la veille) ! Je ne pouvais pas rater ça après la mémorable soirée nawak passée avec eux à Metz en janvier. Ils passent en compagnie de Computer Truck, que justement je voulais voir depuis quelques temps. Electro 8-bits qui me rince bien les oreilles, ça fait du bien ce mélange des genres cette semaine. Malheureusement, UFO Underground Society, prévu ensuite, ne jouera pas, Computer Truck ayant dû interrompre son set quand les enceintes se sont mises à fumer dans une forte odeur de plastique brûlé !
Et encore une drôle de coïncidence en retrouvant dans cette cave le régisseur d'une pièce de Labiche sur laquelle j'avais bossé au théâtre de Mende il y a quelques semaines.
Par contre encore un after raté avec Ben & Béné, décidément ça devient une habitude !

Photos :


25 avril à Clermont-Ferrand :
Là normalement j'avais prévu d'aller voir les GoodBye Diana au Mojomatic de Montpellier mais voilà, quand on prend son billet de train au dernier moment on fait pas toujours ce qu'on veut : plus de places. Du coup j'improvise une étape à Clermont, à l'incontournable Raymond Bar. Au programme, par ordre d'apparition : I Pilot Daemon, Jack Dupon, A Promise Is Yours et Generic.
I Pilot Daemon : invités surprise, c'en fut une très bonne pour moi qui voulait les voir depuis environ un an quand je les ai découvert en même temps que Cellscape sur Lacrymal Records. Pas déçu, ni côté son, ni côté humain ! Je vous conseille vivement de suivre l'actualité chez Lacrymal, ça sonne bon, fort et bon esprit...
Jack Dupon : il parait que je les avais vus au festival UMP... Ah bon ? Mais à quelle heure et dans quel état alors ? Parce que je crois que je m'en rappellerais... Donc je les ai vus ce soir comme si c'était la première fois et j'ai vraiment adoré. C'est à la fois délirant, exotique et technique, je comprends mieux pourquoi on en parle tant à Clermont.
A Promise Is Yours : folk énergique et énervée, j'ai trouvé le set assez irrégulier mais ils ont au moins mis une vraie bonne ambiance dans la salle ! (quelqu'un aurait-il un lien please ?)
Generic : duo basse/batterie de Besançon aussi cools hors scène que brutaux en live (leur face à face donne l'impression qu'ils vont se sauter à la gorge !) et un album surprenant de diversité. A suivre...

Photos :


26 avril dans le train :
Ben oui parce que c'est comme ça, il faut plus de temps pour faire Clermont-Mende que Paris-Clermont !

du 27 au 29 avril à Mende :
Bon, là je bossais mais je me dois tout de même d'en parler juste pour signaler une bonne surprise.
Je bossais donc, disais-je, sur L'Enfer, spectacle musical (très) librement inspiré de L'Enfer de Dante, avec Romane Bohringer.
Je ne m'étendrai pas sur le spectacle en lui-même, le genre musical n'étant pas vraiment dans mon registre habituel, mais je tiens à faire savoir que Romane Bohringer m'a laissé une vraie bonne impression. Même si je ne l'ai que trop peu cotoyée durant ces 3 jours (le meilleur moment étant le visionnage de la cérémonie des Molière en pleine répétition, rigolo) j'ai pu apprécier son extrême accessibilité et son attention aux gens qui l'entourent. On en voit passer des gens qui se la pètent au théâtre, qui jouent les stars alors qu'ils n'ont même jamais eu le moindre entrefilet dans la presse locale, souvent ce sont même les techniciens qui ont cette prétention. Eh bien Romane Bohringer est tout le contraire, joviale, disponible et enthousiaste, n'oubliant pas de dire au revoir à tout le monde en quittant le théâtre. Je suis resté sous le charme...
(Pas de photos, je n'en fais jamais au boulot, désolé.)

3 mai à Chadron :
Séquence nostalgie. La toute première fois que j'ai vu Marvin c'était au Paquebot (c'était d'ailleurs aussi la première fois que j'embarquais sur ledit Paquebot). On remet ça avec une affiche au petit goût de déjà-vu mais qui reste une valeur sûre, dans l'ordre d'apparition : One Foot Dancer, Marvin et Shub.
Que du bonheur, des montpellierains, des nimois, des clermontois, des lozériens, toute la famille est réunie, ça sautille, y a des sourires partout, une excellente soirée comme on ne peut en passer qu'à bord du Paquebot ! Et en prime la découverte de deux (trois ?) nouveaux morceaux de Marvin (de plus en plus nervous).
Par contre la traditionnelle bouteille de Zub après les Marvin m'a un peu fait mal au réveil pour une fois...

Photos :


Demain départ en mini-tournée avec PORD, le 6 à Nancy, le 7 à Lyon, le 8 à Bordeaux et le 9 à Nîmes pour la Feria Noise jusqu'au dimanche 11... Encore une grosse semaine en perspective !

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4.11.07

Le Dernier Jour d'un Condamné (Cie Nocturne)


Avec mon petit retard habituel (eh oui, plus d'une semaine), retour sur la représentation donnée par la Compagnie Nocturne au théâtre de Mende, le jeudi 25 octobre.

Le texte d'Hugo est fort, très fort, donc d'autant plus difficile à servir sans l'altérer. On peut dire qu'ici l'exercice est réussi, d'autant plus que l'adaptation très moderne nous renvoie à son intemporalité.

L'introduction perturbe un peu (Good Vibrations des Beach Boys !) avant de nous laisser dans le noir complet. Un jeu de lumières impressionnant de précision nous laisse à peine entrevoir le comédien (seul en scène d'un bout à l'autre) perché sur un trapèze invisible.

La suite se déroule dans un décor vide, sans accessoires. Le faible espace scénique occupé ne s'habillant que de l'écran oblong sur lequel sont projetées des images troublantes, grésillements visuels et formes géométriques diverses rappelant parfois une série SF des années 60, parfois l'intérieur d'une paupière fermée, la salle devenant l'oeil gigantesque du condamné, sa boite crânienne dans laquelle chaque membre du public est un neurone. Le tout est appuyé par une bande sonore du même acabit qu'on arrive parfois à ne plus percevoir.

L'interprétation parvient à éviter le ton récité et les quelques pointes d'ironie du texte sont subtilement relevées. J'ai tout de même trouvé un léger manque de rythme dans l'ensemble.

Lorsqu'arrive la fin le public hésite à applaudir, laissant la salle quelques secondes dans le noir et le silence, comme on avait commencé. Un homme vient de mourir tout de même !

En résumé j'ai passé un très bon moment mais, contrairement à bien d'autres pièces, je n'irais pas voir celle-ci deux fois de suite...



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14.10.07

La Cie Bibendum Tremens s'installe à Mende...

Oui bon, d'accord ça va faire une semaine qu'ils sont arrivés mais :

1. Je ne suis pas un blogger ! C'est pas parce que j'écris des trucs dans un truc qu'on appelle "blog" que j'ai des obligations de délais, pas plus que de qualité ou d'objectivité !

2. Ils ne sont partis qu'hier, donc ça va je suis pas si en retard que ça...

Alors donc, nous disions que la Compagnie Bibendum Tremens s'était installée à Mende pour quelques jours. Et quand je dis s'installer il s'agit bien de s'installer puisqu'ils ont débarqué avec leurs roulottes, leur chapiteau et tutti quanti. Du coup tout le monde s'est dit : "tiens, encore un cirque".

Et là, problème. Dans l'inconscient collectif (j'adore cette expression, on peut tout justifier avec ça) chapiteau=cirque=animaux, jongleurs, clowns, barbapapa, etc, et on pense : "c'est pour les gosses, moi j'ai vu ça des dizaines de fois quand j'étais petit". Et c'est comme ça qu'on rate un grand moment de détente et de bonheur.

Car chez Bibendum Tremens on est clowns, jongleurs, acrobates, funambules, bref tout ce qui peut faire dire qu'il s'agit d'un cirque au sens traditionnel, mais on est aussi comédiens au sens strict du terme. Ainsi, ces multiples talents mis en scène avec la rigueur d'une pièce de Racine et la précision d'une cascade de Belmondo (première époque) offrent un spectacle absolument jouissif. Je n'en rajouterai pas dans les qualificatifs façon Télérama ou Nouvel Obs, je vous dirai juste que j'y suis allé deux fois fois et qu'à chaque fois je me suis tapé des barres de rire pendant une heure. Ça suffira, d'autant plus que c'est l'objectif principal (mais pas le seul puisqu'on peut aussi y trouver matière à réflexion, pour les plus aigris d'entre nous) de ce spectacle pour petits et grands.

Ayant bossé avec eux au montage et démontage du chapiteau (et partagé la mémorable défaite des rugbymen français face aux anglais dans la foulée) j'ajouterai qu'ils sont, ma foi fort sympathiques (oui je sais je le dis souvent mais bizarrement on rencontre moins de cons dans ce milieu que dans l'administration fiscale par exemple), et que... ben que voilà quoi, allez les voir si vous en avez l'opportunité !

Et que vive le cirque ! (enfin le propre, où les animaux sont tous humains et volontaires...)

Un aperçu du spectacle ici.

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Album photos :


Entre Deux Siestes
Cie Bibendum Tremens
Mende, 13 octobre 2007

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5.5.07

Le Roi Nu

Le théâtre de Mende (48), malgré une programmation légère et peu risquée, réserve parfois de bien bonnes surprises.

Y remplissant occasionnellement des missions intérim pour aider au montage des décors, j'ai par ce biais l'occasion d'assister à des spectacles auxquels je ne me serais pas forcément rendu faute de moyens et surtout d'informations.

Jeudi dernier (3 mai) s'y produisait donc la compagnie Machine Théâtre de Montpellier, dans une adaptation du Roi Nu d'Evgueni Schwartz, auteur russe que je découvrais à l'occasion.

Cette farce insolente (et censurée) de 1934, réjouissante en tous points et admirablement servie par des comédiens de grand talent, s'inscrit, malheureusement, dans une actualité intemporelle par sa dénonciation d'un système politique que l'on aimerait pouvoir qualifier de totalitaire, histoire de dire que ça ne nous concerne pas. Malheureusement, les mécanismes de tels régimes se transposent bien insidieusement dans nos démocraties.

A trois jours de l'échéance électorale que vous savez, la troupe, à l'issue de la représentation, nous a donc adressé le message suivant par la voix de Ludivine Bluche :

"Comme nous venons de le faire pour vous ce soir, à differents moments de son histoire la France a déployé et diffusé une vision de la culture que le monde entier a reconnu comme facteur de diversité et de solidarité.
Notre message d'artiste citoyen témoin de son temps s'inscrit dans le droit chemin de nos précédents présidents.
En effet De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac ont toujours lu le Monde a travers un prisme historique littéraire et culturel.

Il ne s'agit donc pas d'une vision partisane qui nous anime mais la manifestation d'une veritable inquiétude.

Le 29 mars 2007, dans son interview à l'hebdomaire 'L'Express', Nicolas Sarkozy s'est clairement et sans ambiguïté exprimé pour la suppression du Ministère de la Culture.
Je cite:
"Je veux rassembler le Ministère de la Culture et celui de l'Éducation Nationale dans un même ensemble."

Ces mesures peuvent changer profondément la manière de voir notre culture.
Comme Le Pen en 1995, Nicolas Sarkozy veut faire de la culture une petite annexe de l'éducation nationale.
Or nos sociétés sont confrontées à des défis nouveaux.
Les crispations identitaires se multiplient, l'écart grandit entre logique économique et logique politique, et l'exaspération sociale liée à la mondialisation est partout présente.

Il est donc essentiel de protéger et de promouvoir la liberté de création.
Nous voulons ici souligner l'importance qu'a pour nous la culture dans la formation de la conscience citoyenne, dans la France et dans le Monde.

Car nous sommes perçus dans le Monde comme le pays des droits de l'Homme et de la culture, c'est l'une des images les plus fortes que la France renvoie à l'exterieur.

Si la culture n'est plus qu'une petite partie de quelque chose, le message est symboliquement terrible."

Patrick Oton.

Énoncé sur un ton des plus neutres, reflet d'une réelle inquiétude plus que d'une volonté de choquer ou d'un acte militant, cela n'empêcha pas une partie de l'assistance de manifester son enthousiasme en se levant et en quittant la salle derechef. J'espère malgré tout que ces quelques mots auront, durant trois jours, résonné en eux et qu'ainsi raisonnés ils se trompent un peu moins demain...

Merci à toute la compagnie d'être aussi fidèle à la cause humaniste que les arts ont toujours contribué à servir. C'est comme ça, pour ma part, que je conçois le théâtre ;-)

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